Blues Rules

Ça commençait mal.
Très mal.
Et ça ne s’est guère mieux terminé, ceci dit.
Attendez, je vous raconte ça…

D’emblée, étant moi-même vil faquin à mes heures (bleues-mais-pas-que) perdues, j’avais senti l’arnaque pointer le bout de sa fourbe péninsule dès lors que les deux tauliers du Blues Rules, Thomas et Vincent pour ne pas les prénommer, a.k.a. Bichon(t) et Bichon(d) pour ne pas les surnommer, ont eu l’outrecuidance de me quémander à nouveau de pondre zeu haufichiaule compte-rendu from deep Crississippi, mais court cette fois-ci, trrrrèèèèèèès court, à des milliers de caractères-lumière de ma dernière livraison logorrhéesque de 2019 donc.

Ouais, on va voir ça.

M’est avis que les deux —qui font la paire, et pas que de bollocks d’avoir su braver moulins à vents contraires de toutes origines (sans doute fabriqués à Beaufort, Macronie, ainsi que l’échelle qui va avec —comprenne qui pourra, épicétou) pour proposer (attention, je vais direct vous divulgâcher la fin de l’épisode) la plus belle édition du Blues Rules à ce jour (bam, spoiler alert on ! —vous étiez prévenus) pensaient que je n’aurais ainsi aucune possibilité de médire —ce qui est assez mal me connaitre ! (et je rajoute une ultime parenthèse à ce très foutraque paragraphe, pour le plaisir, et parce que je le veux bien).

Parce qu’il ne faudrait pas pousser le bouchon (et non les Bichons) trop loin non plus, hein ! Non, mais sérieusement, qu’est-ce que c’est que ce bordel ??? Merdalors ! …

Un meet & greet la veille pour (déjà) laisser le bon temps rouler, en compagnie d’une bonne partie du casting de rêve aligné pour ce millésime, Robert Finley et Kent Burnside en tête ?

Un nouveau site (j’étions point de l’édition précédente, nouveau pour moi donc et comme je suis le seul maître en ces lignes) magnifique, intelligemment pensé, convivial, et avec même juste ce qu’il faut de bise pour contrer un soleil aussi rayonnant que dominateur ?

Heureusement, j’ai été témoin (ce qui suit est donc véridique, enfin à-peu-près-véridique) du jaillissement depuis la foule d’interpellations revendicatrices ô combien fondées du demi Grincheux de faction, aux pattes (et idées) courtes (reconnaissable à son chapeau pointu et sa brouette) : « des enfants qui s’amusent et des chiens qui jouent (et/ou l’inverse), non mais où va-t-on ? » s’est donc indigné ce nain de jardin même pas priapique. Parce que des gens qui dansent jusqu’à plus soif et/ou qui s’abreuvent jusqu’à la plus ultime des courbaturations, on ne sait plus trop, ça va bien cinq minutes, alors si en plus on doit ajouter à l’esprit festif, son équivalent familial… Et puis d’abord, toute cette bonne humeur file le tournis. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à sourire et plus puisque multitude d’affinités, et de bon cœur par dessus le marché ?! Pour sur-couronner le tout, les musiciens ont même l’insolence de s’en mêler et de se mêler au public, alors qu’on ne leur a rien demandé. Mais enfermez-vous backstage et restez-y ! D’ailleurs, vous n’en avez pas marre de toutes ces jams tourbillonnesques plus jubilatoires les unes que les autres ? … Plaisir-musique-partage, partage-plaisir-musique, musique-partage-plaisir, etc. Non mais franchement, c’est d’un lassant, pffff… 

Pardon, je m’emporte, mais comprenez-moi : j’ai beau me dire que je dois médire, difficile quand nos Bichon(s)(d)(t) (mais c’est pire que l’écriture inclusive, ce machin !) poussent la roublardise jusqu’à faire coïncider cet exceptionnel millésime ’22 avec l’anniversaire de Kent Burnside (méfiance, un bluesman qui se marre autant, ça cache quelque chose), histoire d’en rajouter une couche du côté festif de la force bleue powerrangesque.

La musique ? Bof, toujours les mêmes trucs, les mêmes muches et les mêmes trucmuches blues’n’soul’n’blues’n’cajun’n’country blues’n’alt country’n’heavy blues’n’folk’n’Memphis blues’n’swampy rockin’ blues’n’whatever… Avec son lot d’exclusivités (européennes ou suisses, c’est selon, gnagnagna) et tout le monde en parfaite forme qui plus est… et que je te joue de mon instrument comme jamais… et que je me greffe sur ce concert qui n’est même pas le mien sous je ne sais quel prétexte fallacieux… et que la voix céleste de machine ou de machin atteignent leur acmé toutes les vingt secondes… et que ça partouze musicalement dans tous les coins… et… 

Vous savez quoi ? Je ne vais même pas prendre la peine de les citer, ça leur apprendra à être tous là à se surpasser encore et encore, et à être aussi indiscutablement fantasmidables, extraordimineux, somptrenants, grandioménaux, voire incrobolants et autres néologoofismes de circonstance quand nos simples et habituels mots de tous les jours deviennent obsolètes et caduques (non, ce n’est pas sale).

Bon, vous pouvez aussi (re)jeter un œil à l’affiche et, au choix, que vous ayez été sur les lieux de ces cimes ou à la piscine, vous féliciter d’avoir opté pour the right place the right time dans le premier cas, ou vous vous bouffez les doigts jusqu’aux moignons dans le second. Quoiqu’il en soit, l’année prochaine, on remettra le couvert, enfin façon de parler car attention aux nouveaux manchots, Suisse oblige : pas de bras pas de chocolat !

PS : bon, on m’a demandé 2500 caractères, j’arrive à peine à un peu plus du double, ça va, y’a du progrès, non ?

Christophe ‘da Goof’ Goffette

(www.goofprod.com)